Carven
C'est parce qu'elle se trouvait trop petite que Carmen de Tommaso décida de créer ses propres vêtements. En 1945, encouragée par ses amies, elle installe sa maison de couture au Rond Point des Champs-Elysées qu'elle baptise Carven, évoquant ainsi son prénom et le nom de sa tante, Madame Boyriven.
Selon une expression du journaliste Lucien François " la plus petite des grands couturiers " impose alors un vocabulaire nouveau où la jupe sans histoire, le tailleur sans souci, la petite robe sans prétention auront droit de cité.
A plus d'un égard celle qui fit de la rayure verte et blanche un signe de reconnaissance unanime saura se situer du côté des créations réalistes plutôt que vers une couture de haut style, inadaptée parfois à la vie quotidienne.
Au delà de cette mode toute en simplicité, Carven, en jouant d'un passeport de sympathie qu'elle promène de ville en ville, participera avantageusement à offrir une vision infiniment plus démocratique du créateur et à casser le moule du couturier dictateur qui est encore en usage, préfigurant, par là, le portrait des générations de stylistes à venir.
Carven crée une mode à son image, jeune, désinvolte, mais aussi proche des femmes qu'elle habille. Dès 1945, l'utilisation de la célèbre rayure verte et blanche et le vichy rose apportent une note rafraîchissante, que l'on retrouve dans ses parfums : Ma Griffe (1946) et Vétiver (1957). Carven puise également son inspiration dans des exotismes réels ou imaginaires. Autant d'arguments qui font de la mode de Carven le gardien fidèle d'une insouciance précieuse qu'il convient de protéger et de regarder à nouveau .
La garde-robe nouvelle dessinée par Carven joue entre épure et économie d'artifice. Formée à l'Ecole des Beaux-Arts puis auprès de son beau-frère, l'architecte Robert Mallet-Stevens, Carven se préoccupe davantage de l'étude des proportions que de l'ornementation. Par le jeu de la coupe, Carven fait naître les centimètres qui font défaut aux petites femmes et abolit les rembourrages excessifs. Aux " girafes de luxe " elle répond par des robes légères et vivantes. Les tailles s'étranglent par la succession de pinces, les épaules menues s'allongent sous l'effet de " mancherons ". Les décolletés regorgent de malice ; les dos jouent de mille espiègleries. A cela s'ajoute la préoccupation constante de sauvegarder le confort de chaque tenue. Aussi dès ses débuts, des modèles réalisés pour la pratique des sports ponctuent chaque collection.
L'intrusion du naturel se fait sentir jusque dans l'utilisation des tissus ethniques (boubous africains ou batiks) que Carven est la première à utiliser dans les années 1950 ; dans les broderies de raphia et de coton (le jour comme le soir) et dans les motifs empruntés aux inspirations folkloriques. Souvent figuratives, animalières ou florales, les saynètes disposées en frise naïve renouvellent les thématiques textiles. Pour la voyageuse insatiable qui présente ses collections dans les plus grandes capitales (Madame Carven a fait plusieurs fois le tour du monde) ses créations sont autant de souvenirs qu'elle intègre à son vestiaire fantastique.
Because she was too small as Carmen de Tommaso decided to create her own clothes. In 1945, encouraged by her friends, she set up her couture house at the Rond Point des Champs-Elysees it calls Carven, evoking her name and the name of her aunt, Mrs. Boyriven.
In the words of journalist Lucien Francois "the smallest of the great couturiers" requires a new vocabulary, so that the skirt without history, without regard to the tailor, the unpretentious little dress will have right of citizenship.
On more than one respect that which made the green stripe and white sign of unanimous recognition will be on the side rather than realistic creations to a high-style fashion, sometimes inadequate to everyday life.
Beyond this mode in all simplicity, Carven, playing for a passport of sympathy she wanders from town to town, will advantageously provide a much more democratic vision of the creator and break the mold of fashion dictator who is still in use, foreshadowing thereby, the portrait of generations of designers to come.
Carven creates a fashionable image, young, casual, but also close to the women she dresses. By 1945, the use of the famous green and white stripe and pink gingham make a refreshing note, found in its flavors: Ma Griffe (1946) and Vetiver (1957). Carven also draws its inspiration from the exotic real or imaginary. Many arguments that make the fashion faithful guardian of the Carven reckless precious to be protected and look again.
The dress "carefree," the suit "without history"
The new wardrobe designed by Carven played between economy and purifies fireworks. Trained at the Ecole des Beaux-Arts and then with his brother, architect Robert Mallet-Stevens, Carven is more concerned with the study of the proportions of ornamentation. In the game of cutting, Carven raises the centimeters that are lacking for small women and abolishes the excessive padding. To "giraffe luxury" she responds with light dresses and vibrant. Sizes strangled by a succession of clips, shoulder pocket stretch under the effect of "sleeves". The necklines are full of malice, the backs play a thousand tricks. Then there is the constant concern to preserve the comfort of each outfit. Also since its inception, models made for sports punctuate each collection.
The intrusion of the natural is felt even in the use of ethnic fabrics (batik tunics or African) and Carven is first used in the 1950s; embroidery in raffia and cotton (both day and evening) and motifs in the folk inspirations. Often figurative, animal or floral, sketches arranged in a frieze naive renew thematic textiles. For the insatiable traveler presents his collections in major capitals (Madame Carven made several times around the world) his creations are all memories that integrates with its fantastic wardrobe.